Qui peut donner des formations ?

J’ai débuté l’introduction de mon ebook avec cette phrase : “Ne crée pas des formations qui veut.” Et même si elle est probablement un peu provocatrice, je le pense sincèrement. Ce qui ne veut pas dire que tout le monde ne peut pas offrir de formations…

Bref, je m’explique.

Avant toute chose, que disent les textes ? A-t-on l’obligation d’une reconnaissance légale ou institutionnelle pour offrir des formations ?

Peut-être est-ce quelque chose qui vous pose question : quelle est votre légitimité à offrir des formation ? Honnêtement, c’est un sujet complexe qui mériterait un autre billet au complet, mais ce que l’on peut déjà se dire, c’est que cela dépend de plusieurs choses : où vous êtes, bien entendu (géographiquement s’entend) ; vos connaissances de base en pédagogie et en andragogie ; votre envie et votre passion du sujet (oui, c’est très important, en fait on devrait même commencer par là !) ; votre expérience ; etc.

En France, il existe un titre professionnel, le Titre Professionnel Formateur Professionnel d’Adultes (on l’appellera ici FPA, si c’est OK pour vous ?) qui donne toutes les clés pour offrir des formations, depuis la réception d’une demande de formation jusqu’à l’évaluation de celle-ci, en passant par chaque étape collective et individuelle qu’elle comprend. Pourtant, ce titre n’est pas une obligation pour offrir des formations, loin s’en faut. Vous pouvez avoir de l’expérience dans un domaine, ou, comme je le répète souvent sur ce site, une passion que vous voulez transmettre, et vous lancer dans la création d’une formation.

Au Québec en revanche, c’est différent. Si vous voulez être formateur ou formatrice, il vous faudra obtenir un agrément démontrant soit que vous avez de l’expérience conséquente, soit que vous avez suivi une formation d’au moins 135 heures pour apprendre à transmettre ce que vous savez et savez faire.

Évidemment, dans les deux cas, ça ne s’applique pas vraiment aux personnes qui souhaitent offrir une formation sur leur site internet, qui n’est donc pas à visée professionnelle.

Donc, tout le monde peut offrir des formations, tant qu’elles ne sont pas professionnelles ?

Oui… et non !

Selon l’usage, oui. Mais je nuancerais bien volontiers ce oui en objectant que donner des formations est un travail exigeant qui répond à des processus complexes. Et que sans connaissance minimale de ces processus complexes, le risque est grand de mettre tout le monde dans la difficulté.

Voici une petite anecdote : il y a quelques années, j’ai décidé de m’offrir une formation en ligne offert par une personne qui se disait experte d’un sujet et qui, à ce titre, offrait une formation complète à plus de mille dollars. Je suivais cette personne sur les réseaux sociaux, et j’aimais son travail ; j’avais un peu de temps à consacrer à une formation, avant la reprise d’un travail plus demandant en termes d’horaires ; et j’avais touché un peu d’argent. Banco. Je me suis donc inscrite et ai commencé la formation avec enthousiasme. Mais voilà : cette personne n’avait pas prévu la formation en amont, et s’est vite retrouvée à prendre du retard en découvrant les exigences de la création et l’animation de formation en ligne. Le contenu s’en est trouvé tronqué. Je n’ai pas pu suivre l’entièreté de la formation, puisque mon travail suivant a débuté. Des commentaires agressifs sur les réseaux sociaux ont commencé à fleurir, et des remboursements ont dû se faire ici et là… Bref, une catastrophe.

Ben oui, mais elle n’était pas officiellement formatrice, me direz-vous.

D’accord. Mais souvenez-vous qu’en France, n’importe qui ou à peu près peut se lancer dans la formation et ce, même au sein d’un organisme de formation. Donc, avoir un contrat qui stipule ce statut de formateur ou formatrice.

Je ne dis pas que ça finit forcément mal ; certaines personnes s’en sortent très bien, par essai-erreur ou grâce à une fibre pédagogue. Mais pour d’autres, les journées deviennent douloureuses, confuses… Ne créée donc pas une formation qui veut, disais-je.

Cela ne veut pas nécessairement dire que tout le monde doit s’engager dans un long et coûteux (en temps et en argent) processus de formation au titre FPA ou autres. Même si je crois que ces formations sont de belles parenthèses pour prendre le temps de réfléchir à ce que l’on souhaite offrir, ce n’est peut-être pas toujours une condition essentielle pour créer une formation et l’animer. Surtout si, comme cette personne dont je parlais plus tôt, vous souhaitez offrir une formation en ligne sur un sujet qui vous passionne, ou si la structure pour laquelle vous travaillez vous demande de monter une formation ponctuelle pour vos collègues.

Toutefois, je crois qu’avoir quelques bases peut éviter bien des tracas… et c’est la mission que je me suis donnée. ;)

Le monde de la formation change.

Il y a les formations en ligne, l’arrivée de l’Intelligence Artificielle dans ce monde où on a un certain attachement au face-à-face. Il y a la diversité des profils, de plus en plus visible, de plus en plus affirmée (et tant mieux !). Il y a aussi la relation pédagogique qui change, moins hiérarchique, plus collaborative, où on fait face à un groupe qui, après tout, a accès à toutes les informations du monde juste en sortant un téléphone cellulaire de sa poche.

Est-ce que cela doit faire peur ? Non, certainement pas. Mais cela justifie certainement qu’on se tienne à jour de ce qu’il se passe et qu’on réfléchisse à des moyens de faire face à ces modifications.

Je crois aussi fermement qu’offrir des formations doit être un plaisir ; premièrement, parce que le plaisir est communicatif et que cela rend les formations que l’on offre à la fois plus agréable et plus profitables. Deuxièmement, parce que se tenir devant un groupe sans plaisir peut parfois être douloureux. Et quand on ne sait pas exactement ce que l’on fait et où l’on va, cela peut rapidement cesser d’être un plaisir. Pire, lorsque l’on a en tête une formation et qu’elle ne se déroule pas comme on l’avait imaginé, la désillusion est cruelle.

C’est pour cela que se former à former, même a minima, même en commençant par lire des articles de blogue ici et là et en téléchargeant quelques ressources est un bon début. Cela ne suffira peut-être pas, et ce sera à vous d’en juger et de choisir de vous former plus avant ou non. ;)

 


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Le monde merveilleux (et flou) de la formation