Doit-on avoir réponse à tout ?

Ça vous est sûrement déjà arrivé, à vous aussi : une personne vous pose une question, et là, vous avez beau chercher, fouiller chaque recoin de votre mémoire… vous n’avez pas la réponse. Peut-être que, comme moi, votre sentiment principal à ce moment-là est l’incompétence. Quoi, vous prétendez offrir des formations et vous ne maîtrisez pas votre sujet ? Quelle honte ! Pour qui vous prenez-vous, face à ces personnes qui vous font confiance pour les accompagner dans leur montée en compétence alors que vous ne savez pas quoi répondre à leurs questions ?

Si c’est à cela que ressemble votre discours intérieur quand vous séchez face à une question, la suite devrait vous intéresser. (En plus, je vous donne quelques astuces concrètes pour en tirer parti à la fin !)

C’est quoi, offrir des formations ?

Les formations ont un but précis, et c’est toujours le même, quels qu’en soient le format, la durée, qu’elles mènent ou non à une certification : la montée en compétence. Entre le moment où on entre en formation et le moment où on en sort, on doit avoir progressé sur la thématique de la formation. Même pour les formations très courtes d’une heure ou deux, l’objectif est celui-ci : on a besoin de compétences sur un sujet, et on y accorde ce laps de temps. D’ailleurs, lorsqu’il n’y a pas de montée en compétence, la frustration est grande : on a investi du temps et de l’argent, qu’on a finalement l’impression d’avoir perdus. 

Pour que cette montée en compétence se fasse, on compte sur le formateur ou la formatrice. Cette personne a créé la formation (pas toujours, certes, mais elle est en tout cas souvent perçue comme telle), et est l’interface entre le contenu de la formation et la personne qui l’apprend. Elle facilite la montée en compétence en proposant des activités adaptées, pertinentes, motivantes et engageantes. Même sur des formations asynchrones, son rôle est de rendre accessible le contenu.

Alors forcément, la pression est grande : si la montée en compétence et l’investissement en temps et en argent des personnes repose sur nous, il nous faut être à la hauteur. On incarne l’expertise, ce qui permet aux gens d’avoir confiance en nous. Particulièrement lorsque l’on débute dans le métier de la formation pour adultes, on peut donc légitimement craindre le jugement si on ne connaît pas la réponse à une question, jugement qui entraînerait une perte de la confiance placée en nous, et un échec de la formation.

Ne pas savoir n’est pas ne rien savoir

Mais pourtant, malgré notre expertise, il y a toujours un moment où une question va arriver et où elle va nous mettre face à une évidence : on ne peut pas tout savoir. Ni moi, ni vous, ni personne. Et c’est plutôt une bonne chose en formation (si si, je vous assure, on va y revenir). Ne pas savoir, de temps en temps, peut nous amener à mettre en place des stratégies qui favorisent la montée en compétence du groupe. 

Toutefois, il y a une différence entre ne pas connaître la réponse à une question de temps en temps, et ne pas connaître la réponse de manière répétée. Si vous vous rendez compte que vous êtes régulièrement en difficulté face aux questions du groupe, c’est peut-être un signe que vous avez mal ciblé le sujet de votre formation par rapport à vos compétences. Dans ce cas, un petit récapitulatif s’impose (vous trouverez pour cela un guide dans la bibliothèque, que vous pouvez télécharger gratuitement) pour mieux cibler les formations que vous pouvez offrir.

Mais si une question vous arrive et que vous n’avez pas la réponse, cela ne signifie en rien que vous n’avez pas les compétences pour offrir cette formation. Les questions du groupe vous confrontent à leur vision et leur compréhension du sujet, et de votre côté, vous en avez votre propre compréhension et votre propre expérience. Les questions ne font donc que vous ouvrir à d’autres perspectives ! Cela n’enlève donc rien à votre connaissance et votre expertise, mais c’est une occasion d’enrichissement.

Tirer parti de ses limites

Ceci étant dit, c’est le moment d’exploiter cette question-surprise. On vous l’a posée, elle est là, alors autant faire en sorte qu’elle soit positive pour le groupe et votre formation ! Quand on offre des formations, on guide, on propose, on orchestre, mais on est aussi une personne humaine, qui, comme le groupe que l’on accompagne, a dû apprendre ces contenus que l’on propose aujourd’hui. Cette question qui vous pose problème est donc l’occasion d’une identification, et donc, une occasion d’apprentissage mutuel. 

Si la modélisation (le fait d’exprimer son propre processus pour permettre au groupe de le comprendre) est une technique qui favorise l’apprentissage, voilà une occasion de l’utiliser à votre avantage ! Votre humilité face au fait de ne pas tout savoir et votre authenticité lorsque vous exprimez au groupe que vous n’avez pas la réponse renforce sa confiance en vous : vous ne cherchez pas à raconter n’importe quoi, mais vous admettez plutôt que vous avez atteint une limite à votre connaissance. Ce qu’un groupe comprend, c’est que ce que vous leur expliquez, de façon générale, est toujours maîtrisé ! Ce qu’il comprend aussi, c’est que ne pas tout savoir n’est pas grave, et qu’il y a toujours une possibilité de s’améliorer en allant rechercher de l’information nouvelle.

Développer des compétences multiples

En admettant que vous ne savez pas, en plus de renforcer la confiance du groupe, vous ouvrez une nouvelle porte : celle de l’accompagnement vers l’autonomie. En disant “tu sais quoi ? Je n’en ai aucune idée, mais je te propose que l’on cherche la réponse ensemble”, vous apportez une occasion d’exploration des contenus, vous enrichissez votre formation, et vous suscitez la curiosité du groupe. C’est aussi l’occasion de mettre en place des stratégies de recherche d’information, et donc, d’accompagner le groupe vers l’autonomie. 

De plus, puisque souvent ces questions vous sont posées dans des moments où le groupe est présent, il s’agit d’une occasion d’apprentissage collaboratif, où l’ensemble du groupe va participer à la recherche d’information, compléter ce que chaque personne a trouvé, dialoguer autour des stratégies employées pour rechercher l’information.

Vous créez donc un environnement d’apprentissage flexible, qui répond aux besoins du groupe, et qui favorise la montée en compétence de tout le monde, autant sur le contenu de formation que sur des compétences transversales. What else ?

Astuces concrètes pour gérer ces moments d’inconfort (et en tirer le meilleur)

Si, malgré tout, vous ressentez un inconfort quand on vous pose une question à laquelle vous n’avez pas la réponse, voici quelques pistes à explorer :

  • Anticiper : préparez des ressources additionnelles, des activités supplémentaires, afin de trouver rapidement la réponse aux questions qui vous sont posées. Ainsi, même si vous n’avez pas la réponse immédiatement, vous savez où la chercher, ou vers où diriger le groupe pour la trouver.

  • Créer l’opportunité : voyez la question comme une opportunité d’apprentissage et une invitation à explorer la question. Avec le groupe, cherchez ensemble des réponses. Dirigez-le vers des sources. Faites-en une activité de groupe. Cela permet de développer l’apprentissage collaboratif et d’enrichir la compréhension de tout le monde (y compris la vôtre !).

  • Modéliser : voilà une opportunité également de montrer que l’apprentissage est un processus continu. En vous impliquant dans la recherche de la réponse, vous pouvez partager votre propre processus, et ce faisant, développer la métacognition du groupe. Ce sera un outil précieux pour le développement de leurs compétences et pour leur autonomie ! 

  • En faire un jeu : vous ne savez pas ? C’est presqu’une aubaine pour créer des moments de partage ludique. Créez des simulations permettant de trouver la réponse, un challenge pour trouver la meilleure réponse auquel vous pouvez participer, une liste des choses que vous ne saviez pas sur le sujet et que vous avez appris grâce au groupe… Ce sont autant de possibilités de motiver le groupe et de susciter son engagement dans la formation et l’acquisition de nouveaux contenus !

  • Noter : quelle que soit la stratégie, notez la réponse quelque part. Vous pourrez inclure cette information dans la prochaine mouture de la formation, et ainsi, vous enrichissez et bonifiez en permanence votre travail. C’est votre veille qui se trouve améliorée par cette question qui vous a tant donné de fil à retordre !



En conclusion : lorsque l’on offre des formations, on ne fait pas que transmettre de l’information de façon descendante à un groupe passif. Ce serait une vision bien ennuyeuse de cette activité ! Et lorsque l’on est face à une question qui nous défie, nous pousse dans nos retranchements et nos limites, il y a là une belle occasion d’apprentissage pour tout le monde : le groupe, et nous ! En abordant ces questions avec humilité et authenticité, mais aussi avec humour, on enrichit l’environnement d’apprentissage. Pensez-y, la prochaine fois que vous vous trouvez face à une de ces questions que vous redoutez peut-être : on ne peut pas tout savoir, et c’est tant mieux ! Mais c’est la façon dont nous gérons ces moments qui fait que les formations offertes par des personnes humaines sont plus complètes, souvent, que de simples recherches sur internet : notre créativité pour saisir les opportunités comme celles-là en sont la preuve !

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