Du fun et de l’efficacité : guide pratique des sondages interactifs en formation
Avez-vous déjà utilisé les sondages interactifs en formation ? Il s’agit d’un format généralement plébiscité, car il est ludique, ce qui permet une belle ambiance dans le groupe, mais qu’il est également très efficace, à la fois pour l’apprentissage et pour l’ajustement de la formation. Vous aimeriez les utiliser, mais ne savez pas comment ? Cet article va vous expliquer comment planifier, créer, animer et exploiter vos sondages interactifs, ainsi que vous proposer quelques outils gratuits qui vont vous permettre de les utiliser sereinement.
C’est quoi, un sondage interactif ?
En formation, un sondage interactif est un outil que l’on utilise principalement pour trois raisons : recueillir l’avis du groupe sur un sujet en particulier, mettre en commun ses conceptions et/ou expériences sur la thématique abordée, ou évaluer ses connaissances. Son avantage principal : puisqu’il est interactif, cela se fait en temps réel ! Que ce soit en présentiel ou en ligne, les personnes peuvent participer directement depuis leur ordinateur ou leur téléphone, ce qui favorise la spontanéité et permet de prolonger l’échange.
Il se présente sous forme de questions auxquelles le groupe est invité à répondre. Il peut prendre plusieurs formes : des quiz, des nuages de mots, des questions à réponses ouvertes, des questions à choix unique permettant de faire apparaître un pourcentage… Dans tous les cas, chaque personne peut répondre individuellement (à moins que l’on joue en équipe, c’est tout à fait possible !) et le résultat s’affiche en temps réel. En formation en présentiel, ce résultat peut s’afficher sur le tableau ; en formation en ligne, il peut s’afficher sur l’écran partagé !
Il y a plusieurs avantages à l’utilisation des sondages interactifs :
l’interaction : puisque tout le monde participe, au même moment, au même sondage, c’est l’occasion de discussions sur l’expérience d’apprentissage partagée. Et vous pouvez l’utiliser quelle que soit la taille de votre groupe (oui, même dans un format conférence pour créer de l’interaction !).
l’engagement : lors d’un sondage interactif, pas de passivité ! Chaque personne est invitée à répondre et le côté ludique de l’activité favoriser la motivation à le faire.
l’évaluation : quel que soit le type d’évaluation (jetez un oeil à la bibliothèque, une infographie les récapitule pour vous), elle est facilitée par la mise en place de cette activité. Elle peut même rendre le résultat anonyme !
l’adaptation : en ayant un portrait précis des connaissances du groupe en temps réel, on peut adapter la formation à ses besoins.
Planifier et préparer l’utilisation des sondages
Pour utiliser des sondages interactifs en formation et qu’ils soient profitables à tout le monde, il faut bien les penser en amont. Autrement dit, on ne fait pas un sondage pour faire un sondage, ou parce que c’est amusant, ou pour passer le temps. Le risque, ce serait non seulement que cela ne serve à rien, mais aussi que le groupe se sente un peu perdu : d’accord, on a passé un bon moment… et après ? N’a-t-on pas perdu notre temps ?
Alors, comme toujours, on revient aux objectifs ! (si vous me connaissez, avouez que vous saviez que c’était par là qu’on s’en allait ^^) Quel est l’objectif de votre sééance ou de votre séquence, quel est l’outil approprié et comment l’utiliser ? De ce questionnement va découler le choix de votre sondage interactif et de sa construction. Autrement dit, on prévoit l’utilisation d’un sondage interactif dès l’ingénierie pédagogique, donc en amont de la formation. Déjà, parce que ça demande un petit temps de préparation et de construction. Mais aussi, parce que ça le rend pertinent et profitable.
Un exemple : imaginons que vous donnez une formation sur la gestion de projet, et qu’à la fin de votre séance sur les outils de gestion de projet, il vous reste un peu de temps. Vous décidez donc de faire un nuage de mots pour savoir ce que le groupe pense de la gestion de projet en général. Vous lancez donc l’outil, mais vous rendez vite compte que vous n’arrivez pas à savoir exactement ce que les personnes pensent : ce qui s’affiche sur l’écran, c’est ce que vous avez raconté pendant la séance, pas ce qu’elles pensent véritablement !
Que se passe-t-il ? Premièrement, le moment est mal choisi : après une séance où vous avez brassé beaucoup d’information, la perception du groupe en est nécessairement teintée. Ensuite, vous avez fait une séance sur les outils, et posez une question plus générale qui n’a rien à voir avec le sujet de la séance. Mais également, la question est mal posée : ce que les gens pensent de la gestion de projet en général, c’est bien trop large et imprécis pour un sondage (ça conviendrait mieux à une discussion informelle… et encore !). Bref, votre outil de sondage ne vous sert, ici, à rien.
En revanche, si, à la fin de votre séance sur les outils de gestion de projet, vous réalisez un nuage de mots en demandant trois mots qui, pour les personnes, symbolisent leur apprentissage dans cette séance, ou un sondage avec des questions pour savoir si elles ont retenu l’information essentielle, vous avez ici un outil d’évaluation intéressant. Mais pour cela, il a fallu que vous anticipiez, dès l’ingénierie pédagogique, cette évaluation, et que vous la construisiez en amont.
Créer des sondages efficaces
En premier lieu, donc, le proposer au bon moment. Dépendamment de l’objectif de votre sondage (une évaluation diagnostic ? Un recueil de préconceptions ? Une évaluation formative ?), le bon moment diffère. Par exemple, évidemment, une évaluation diagnostic se fera en amont de la séance ou de la séquence, pour ne pas être faussée. Si vous ne proposez pas votre sondage au bon moment, il sera, au mieux, inefficace, et au pire très désengageant pour votre groupe. Dès la construction de votre séance, si l’utilité d’un sondage vous apparaît, interrogez-vous : à quel moment de la séance le proposer répondrait-il le mieux aux objectifs ? Ensuite, planifiez votre séance en fonction de votre réponse à cette question.
Ensuite, même si vous avez une banque de sondages prêts à utiliser dans différentes formations, n’oubliez jamais de vous assurer qu’ils sont adaptés aux différents groupes et, au besoin, à les modifier pour qu’ils soient plus pertinents. Imaginons, par exemple, que vous ayez un sondage interactif auquel les personnes répondent depuis leur cellulaire, et que vous interveniez ce jour-là face à un groupe peu à l’aise avec le numérique. Il sera alors nécessaire de retravailler le format de votre sondage, pour faire en sorte que les modalités de réponse soient plus adaptées, sans quoi la participation de votre groupe serait moins engagée et votre objectif pédagogique non atteint (ou dans une moindre mesure, en tout cas). Pour vous assurer de la concordance entre votre sondage et le groupe, vous disposez d’un outil précieux : les évaluations diagnostics ! Elles vous donnent de l’information riche et importante sur les préacquis du groupe, mais aussi, si vous avez inclus cela, sur leur aisance et leur préférence en matière de numérique.
Enfin, la formulation des questions va tout changer dans la façon dont les personnes se saisissent du sondage interactif comme d’une opportunité d’apprentissage. Voici quelques points qui méritent votre attention :
Un vocabulaire simple et des questions courtes : plus la question est longue et difficile à lire, et plus le vocabulaire employé est complexe, plus les personnes perdront du temps et de l’énergie à essayer de les comprendre. Les atouts du sondage interactif que sont la spontanéité, le côté ludique et l’échange s’en trouveraient affectés. De plus, si les questions sont ambigües de par leur complexité, les risques d’erreur dans les réponses sont grands, et votre groupe pourrait se démotiver.
Des questions en lien avec l’objectif seulement : si parmi vos questions se cachent des questions qui n’ont pas de rapport avec l’objectif de votre séance, le groupe risque de se sentir perdu et de perdre sa motivation à répondre. Lors de la construction de votre sondage, assurez-vous donc que toutes les questions ont un lien clair avec l’objectif de votre séance. Assurez-vous aussi que ce lien est clair pour le groupe, et qu’il voit clairement en quoi le sondage proposé peut lui être utile dans le cadre de sa formation.
Une variété de questions et de sondages : vous pouvez utiliser plusieurs types de questions (ouvertes, fermées, choix unique, choix multiple, échelle Likert, etc.) dans un même sondage. L’objectif : que ce ne soit pas redondant, et que le groupe ne sache pas exactement à quoi s’attendre pour la prochaine question. Cela crée un sentiment de découverte qui maintient l’attention, et donc, l’engagement du groupe dans votre activité. Vous pouvez également vous assurer, si vous utilisez plusieurs sondages dans la même formation, qu’ils sont de plusieurs formats (quiz, nuage de mots, classement, production de graphiques, etc.). Cela favorise également l’attention en évitant la lassitude, permet de rejoindre plusieurs profils d’apprentissage, et vous permet aussi de récolter une information plus riche sur la progression du groupe.
Un ordre logique : lorsque vous créez votre sondage et s’il comporte plusieurs questions, respectez une séquence logique : des questions les plus générales vers les plus spécifiques, des plus simples vers les plus complexes. La raison est simple : face à un nouvel outil, le groupe pourrait mettre un petit temps à s’y adapter. Pour cela, les questions les plus simples sont idéales : elles permettent une acclimatation en douceur. Commencer par des questions plus complexes alors que l’outil n’est pas maîtrisé pourrait mettre le groupe en échec, et amener de la démotivation, puis du désengagement.
Animer une session de sondage interactif
Votre sondage est prêt ? Il répond à votre objectif, est construit pour être efficace, est engageant et facile d’utilisation ? C’est le moment de le proposer au groupe ! Et votre rôle est loin d’être terminé. Car c’est une des caractéristiques d’un sondage interactif : contrairement à un sondage asynchrone, il faut l’animer. Imaginons que vous réalisez une évaluation en ligne de votre formation. La formation est terminée, vous envoyez un lien par courriel à chaque personne, et elle répond à votre sondage depuis chez elle : vous n’avez plus grand chose à faire en termes d’interaction, et votre rôle sera “seulement” de collecter et d’analyser les réponses. Mais un sondage interactif vous demande de l’animation et de la modération, et c’est ce qui le rend intéressant pour les apprentissages du groupe.
En premier lieu : demandez-vous quelle est votre place. Animer ? Accompagner ? Partager ? Cela dépend bien sûr des objectifs de votre sondage (encore ??) : s’il s’agit d’une évaluation pour laquelle vous souhaitez des données précises sur l’avancée du groupe dans son apprentissage ou s’il s’agit plutôt d’une mise en commun des conceptions, votre rôle pendant le sondage sera probablement différent. Mais dans tous les cas, vous êtes une des clés de l’engagement du groupe et de la portée pédagogique de votre sondage.
Ce cadre bienveillant dépend aussi de votre capacité à assurer une compétition saine, dans le cas par exemple de sondages proposant un classement des réponses, ou qui impliquent des réponses justes et des réponses fausses. Chaque personne devrait pouvoir répondre sans se sentir jugée, sans quoi elle risque simplement d’arrêter de répondre et se démotiver. Cela pourrait aussi, à terme, créer des tensions dans le groupe qui seraient défavorables à la montée en compétence et à un climat agréable. Poser le cadre dès le départ, rappeler les enjeux réels, et refaire le point sur les règles de vie du groupe peut être utile avec certains groupes particulièrement compétiteurs ou ayant un historique de tensions (et dans ce cas, prenez-le en compte dans le type de sondages interactifs que vous proposez… ou préférez une autre activité !).
Puisque les sondages interactifs sont souvent en lien avec l’apprentissage, votre rôle d’animation consiste également à faire ce pont, en reprenant par exemple les points non acquis pendant ou à la fin du sondage. Laisser le groupe sur une réponse considérée comme fausse sans lui apporter de rétroaction est non seulement insécurisant, mais aussi totalement inefficace pour l’apprentissage. Donner de la rétroaction et engager la discussion et l’analyse à partir des réponses qui sont données, quelle que soit la forme du sondage, est donc important pour accompagner la montée en compétence et faire de votre sondage un outil qui ne soit pas que ludique, mais aussi pertinent pour votre formation.
Et après ?
Vous avez proposé votre sondage et tout a fonctionné comme espéré ? Bravo ! Maintenant, il est temps de le rendre encore plus profitable et efficace en lui donnant une suite. Nous l’avons vu, les sondages sont un outil merveilleux de collecte d’information, mais encore faut-il faire quelque chose de cette information.
Après le sondage interactif, conservez les résultats. La plupart des plateformes permettent de le faire, mais si ce n’est pas le cas, prenez des notes et datez-les. Cela vous permettra :
de mesurer l’évolution du groupe et donc, en croisant cette information avec les activités mises en place, de comprendre ce qui est efficace avec ce public dans ce que vous proposez. Cela peut être intéressant aussi lorsque vous croisez les informations de plusieurs groupes différents, pour gagner en efficacité dans vos formations !
d’ajuster votre formation en fonction de ce qui a été acquis ou non acquis, de revenir sur certains contenus, de modifier le format de certaines interventions que vous aviez prévues.
Ce qu’on veut, après tout, c’est que le groupe monte en compétences, et personne n’est mieux placé que lui pour nous dire comment l’accompagner. Or, lorsqu’il est difficile pour les personnes d’identifier exactement leur besoin, les sondages interactifs sont des outils puissants pour le faire et répondre à ce besoin.
Avec quoi je fais ça ?
Plusieurs outils vous proposent des sondages interactifs gratuitement, que vous pouvez personnaliser pour les aligner avec votre formation. Voici mes préférés pour leur simplicité d’utilisation, bien sûr, mais également pour leur design qui facilite leur appropriation par le groupe.
Pour participer, le groupe se connecte sur le site ou sur l’application depuis un ordinateur ou un téléphone, et entre le code attribué au jeu. À l’issue du quiz, Kahoot propose un classement des trois meilleurs score en se basant sur le nombre de bonnes réponses données et sur la rapidité de réponse.
Kahoot est idéal pour les évaluations formatives et pour des groupes ayant un climat de compétition saine. Les quiz sont chronométrés, ce qui peut motiver et favoriser l’attention, et la réponse est immédiatement donnée, ce qui permet de faire des rétroactions en temps réel. Par ailleurs, les questions sont très facilement personnalisables, l’outil se prend facilement en main, et, si tout le monde a accès à internet, est très simple d’utilisation pour tout le monde. En revanche, la version gratuite limite les possibilités de format (la version payante en propose bien davantage), et la plateforme ne convient pas à des groupes où la compétition est difficile à gérer, où certaines personnes ont de la difficulté à trouver leur place ou où le climat général est tendu, car elle ne propose pas d’options d’anonymat.
Comme pour Kahoot, le groupe se connecte individuellement sur le site et entre le code attribué au sondage. Kahoot affiche en temps réel les réponses du groupe, qui voit donc, pour chaque vote ou information envoyée, la production commune se modifier en temps réel sous ses yeux.
Mentimeter est idéal quand vous avez besoin de créer rapidement plusieurs formats de sondages, et donc répondre à plusieurs objectifs. Que vous vouliez faire voter le groupe pour une réponse commune ou vérifier les préacquis avec un nuage de mots, l’outil se prend très facilement en main autant pour vous que pour le groupe, même peu à l’aise avec la technologie. Il permet d’analyser les résultats en temps réel, toutefois, l’anonymat inhérent à la plateforme ne permet pas de les différencier. Aussi, si vos groupes sont stimulés par la compétition et/ou des environnements ludiques et colorés, Mentimeter n’est peut-être pas le meilleur outil pour vous.
La plateforme propose de nombreux modèles personnalisables facilement. Il y a deux options pour participer : soit individuellement, en se connectant au lien donné ; soit en groupe, auquel cas une personne se charge de sélectionner la réponse collective à l’écran.
Genially est un outil très intéressant car on peut y intégrer des images, des vidéos et autres éléments de notre choix. C’est donc une plateforme avec un haut degré d’attractivité et de personnalisation, en fonction de la formation et des groupes. Elle est facile d’utilisation pour vous et pour les groupes, qu’ils répondent sur ordinateur, sur téléphone ou sur tablette. Vous pouvez également personnaliser la circulation dans le sondage : une réponse donnée peut emmener le groupe sur une page précise, donnant plus d’information ou amenant une question complémentaire (c’est le principe des jeux d’évasion en ligne). La connexion internet doit néanmoins être très stable, et les options de partage sont limitées avec l’option gratuite. De plus, en formation en ligne, il peut être difficile de répondre collectivement, bien que chaque personne puisse répondre individuellement ; cela n’empêche en rien l’interactivité avec l’outil, mais ne favorise pas les échanges.
Dans tous les cas, vous devriez considérer plusieurs éléments pour choisir une plateforme plutôt qu’une autre : son interactivité, les fonctionnalités qu’elle propose, mais également son accessibilité. Selon les formations, certaines plateformes pourraient vous être moins accessibles que d’autres, par exemple si le lieu dans lequel vous offrez une formation ne dispose pas d’un accès internet pouvant supporter un dispositif lourd (en ce cas, mieux vaut Mentimeter que Genially ; mais soyons honnêtes, l’interactivité appelle quand même un accès internet, sans lequel aucun sondage interactif ne sera possible). Interrogez-vous aussi sur les caractéristiques de votre public : certains publics seront plus à l’aise avec des sondages ludiques, d’autres aimeront davantage des sondages rapides. D’autres également pourraient être peu à l’aise avec l’utilisation de la technologie, ou ne pas disposer d’un ordinateur ou d’un téléphone avec données internet (cela ne signifie pas que vous deviez renoncer aux sondages interactifs, mais que vous pourriez proposer une participation en équipe, ou que vous soyez la personne qui choisit la réponse commune sur l’outil en fonction de ce que propose le groupe). Tout cela est à prendre en compte dans le choix de votre outil.
J’espère que ce guide vous donne quelques clés pour créer vos sondages interactifs et en faire bénéficier vos formations. Finalement, c’est comme tout en formation : tant que l’alignement pédagogique est respecté, le reste est question de préférence et de sensibilité… Amusez-vous ! :)
Et vous, quels sont vos défis avec les sondages interactifs, et quelles sont vos plateformes préférées ?
Si les images de cet article proviennent d’unsplash.com et sont libres de droit, les captures d’écran montrant les plateformes sont issues de sondages créés pour mes propres formations et ont été réalisées directement sur les plateformes concernées, dont les liens sont dans l’article.