J’ai l’impression que mon groupe s’ennuie…

C’est une des grandes craintes des personnes qui offrent des formations : que le groupe s’ennuie. Qu’on le perde. Qu’on sente, au fur et à mesure que les minutes passent, qu’on parle de plus en plus dans le vide. Que les visages en face de nous restent de marbre, même quand on tente une petite blague.

Ça vous dit quelque chose ? Rassurez-vous, ça nous arrive à tous et toutes. Il y a toujours un moment où, malgré toute notre bonne volonté (et parfois même après un début de formation prometteur), on sent le soufflé qui retombe et on ne sait plus trop quoi faire pour récupérer le coup. Je me souviens pour ma part d’une journée qui avait bien commencé, d’un groupe motivé, d’un ping-pong de questions/réponses et de partage d’expérience, d’un sujet qui semblait passionner tout le monde… et, après la pause méridienne, pouf, plus personne. J’avais beau gesticuler et y mettre tout mon coeur, je ne parvenais pas à retrouver la belle ambiance du matin. L’après-midi s’est étirée… et s’est terminée un peu mollement.

Alors, que faire ? Voici quelques raisons pour lesquelles votre groupe pourrait s’ennuyer et quelques pistes de résolution.

C’est l’heure de la digestion

On le sait, le début d’après-midi est souvent terrible en formation. Nos formations respectent rarement les cycles biologiques, le nôtre compris… Alors, que dire de celui des personnes qui, après un repas parfois pris sur le pouce, se retrouvent assises sur une chaise à nous regarder tenter laborieusement de remettre de l’énergie là-dedans ?

La solution : garder pour le début d’après-midi les activités les plus dynamiques. Pas de point théorique à 14 heures ! Préférer un rallye-photo, un escape game, un quizz interactif, un jeu de rôle… quelque chose qui mobilise l’énergie. (en plus, ça va faciliter la digestion de tout le monde ! ;) )

On a mal évalué la difficulté de l’activité

Soit c’est trop facile, et les personnes s’ennuient parce qu’elles n’apprennent rien et ne sont pas stimulées par un peu de défi. Soit c’est trop difficile, et elles se sentent découragées par l’ampleur de la tâche à réaliser. Dans les deux cas, vous avez mal évalué la zone proximale de développement (je ne vais pas m’étendre dessus ici, j’en ferai une capsule vidéo !), et la difficulté de l’activité que vous proposez ne correspond pas à où en sont les personnes dans leur apprentissage.

La solution : refaire une évaluation diagnostique des pré-acquis. Autrement dit, réinterroger les personnes (à l’oral, ou par un test, un quizz, etc.) sur ce qu’elles savent déjà du sujet. Et adapter aussitôt l’activité pour qu’elle corresponde mieux à ce qu’elles peuvent faire, réduire le découragement ou l’ennui, et relancer la machine.

Le groupe est préoccupé

Il peut y avoir eu un événement entre les membres du groupe, ou un événement à l’extérieur du groupe, ou encore une préoccupation liée à la formation qui vient influencer la capacité de concentration des personnes. Vous avez donc l’impression qu’elles s’ennuient, alors qu’en fait, elles sont en train de processer cet événement qui prend tout leur espace mental.

La solution : on communique ! On interroge le groupe sur la façon dont il se sent (on peut faire, par exemple, une météo de l’humeur) et on essaie de comprendre ce qu’il se passe. Sans entrer dans la vie privée des personnes si elles ne le souhaite pas, on essaie de prendre en compte l’événement et d’ajuster le planning en conséquence.

Les objectifs ne sont pas clairs…

On ne le répètera jamais assez : les objectifs sont la clé de voûte de votre formation, bien avant le contenu (oui oui !). S’ils ne sont pas tout à fait clairs, vous pourriez proposer du contenu pas tout à fait aligné avec le reste, ou des évaluations un peu à côté de la plaque… et le groupe a le sentiment d’être perdu, de ne pas savoir où ça va, ce qui est source de démotivation.

La solution : asseyez-vous avec vos objectifs, et assurez-vous qu’ils sont clairs (si besoin, il y a une capsule à ce sujet dans la vidéothèque pour vous y aider). Ensuite, assurez-vous que le contenu est aligné avec vos objectifs, et si ce n’est pas le cas, modifiez votre contenu (pas vos objectifs !).

… ou pas communiqués

Avoir des objectifs c’est bien, mais si le groupe ne les connait pas, il ne peut pas se situer. Ici encore, même processus qu’auparavant : il est perdu, ne sait pas où ça s’en va, peut éprouver de l’ennui… voire de l’anxiété, ce qui le fait décrocher.

La solution : rappeler (ou annoncer si vous ne l’avez pas fait) vos objectifs au groupe. Rendez claire la ligne d’arrivée, celle de la séance, celle de la séquence, et celle de la formation, et expliquez l’intérêt du contenu que vous êtes en train de voir pour atteindre cette ligne d’arrivée. Si cela n’a pas de sens pour les personnes, elles risquent de se désengager !

Les activités sont redondantes

De la variété naît le fun ! Et de la variété naît la motivation. Si vous proposez un seul type d’activité, il y a deux risques : que les personnes finissent par trouver votre formation redondante, et donc, s’ennuient ; et que certaines personnes qui ne se sentent pas à l’aise dans cette activité n’aient plus le goût de suivre cette formation.

La solution : variez ! Du contenu théorique en présentation, des jeux, des exercices écrits, des quizz interactifs, des recherches autonomes, du travail individuel et du travail en groupe, des sorties du lieu de formation… Ajoutez de la surprise, des activités différentes, des moments de silence et des moments très ludiques. La seule limite est votre imagination !

Il y a des différences de rythme

Jean a fini un exercice, alors qu’Emma met plus de temps. Nathalie a abandonné l’exercice, alors que Romain veut le finir coûte que coûte. Un groupe, c’est toujours composé de plusieurs individus, et évidemment chaque personne a son propre rythme. Alors quand Jean attend qu’Emma ait terminé, il peut s’ennuyer.

La solution : utilisez votre plan B ! Dans votre ingénierie pédagogique, prévoyez toujours une activité supplémentaire, au cas où vous ne pourriez pas réaliser ce que vous aviez prévu, ou au cas où vous vous trouvez face à des personnes qui, comme Jean, pourraient être demandeuses d’aller plus loin. Vous accompagnez ainsi les rythmes individuels.

Cela fait partie du processus d’apprentissage

On a l’habitude de diaboliser l’ennui, parce qu’il nous rend inconfortable, parce qu’on a envie de voir dans les yeux de notre groupe qu’il est captivé par ce qu’on est en train de lui proposer, on rêve de formation vivantes, dynamiques, où chaque moment est un moment de plaisir. Sauf qu’en vrai, dans un cerveau humain, ça ne se passe pas comme ça ! S’ennuyer, c’est aussi laisser la place à notre cerveau pour traiter l’information, pour faire des liens, pour complexifier notre compréhension. Et ça, c’est plutôt positif. Mais il faudrait probablement que nous revoyions, collectivement, notre rapport à l’ennui pour saisir la beauté de la chose… ;)

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