Less is more : pourquoi le minimalisme en formation ressemble à boire du bon café
J’ai regardé une vidéo aujourd’hui, sur le minimalisme. Rien à voir avec la formation (en fait, ça parlait de vaisselle). Ca m’a apporté une forme d’apaisement, de voir ces photographies d’intérieurs dépouillés, réduits au strict minimum. Et surtout, je me suis demandé si cette forme d’apaisement, on ne pouvait pas la retrouver en formation, à une époque où on en fait toujours plus : toujours plus de ressources, d’options, de supports, d’offres.
Le minimalisme, donc. Disons que ce serait une réflexion globale sur la façon dont on offre des formations. Une envie d’offrir moins d’options, mais de les choisir plus consciemment. Parce qu’il y a de ça, dans le minimalisme : la conscience derrière chaque choix, savoir exactement pourquoi on opte pour telle ou telle ressource, tel ou tel outil. Trouver ce qui est le plus approprié, et s’en tenir à ça. Plutôt que de proposer beaucoup, proposer seulement ce qui est nécessaire, mais absolument pertinent.
Faciliter le traitement de l’information
Alors que nous sommes dans un monde d’abondance, on le sait : plus on a d’information à traiter, plus on se sent sous l’eau, moins on arrive à faire le tri. Imaginez : vous êtes chez vous, la télévision est allumée, la radio aussi, votre fille écoute un podcast, votre fils vous demande de signer un papier, et votre téléphone sonne. Comment vous sentez-vous ? Que privilégiez-vous ? Cela vous oblige, probablement, à mettre en place une stratégie pour prioriser, et vous avez peut-être un sentiment de frustration de ne pas réussir à tout traiter.
Et bien en formation, c’est pareil. Si vous offrez un support que vous commentez, un quizz, un podcast, des vidéos à regarder, un forum auquel participer, des documents à lire, une visite à réaliser, un travail de groupe… les personnes risquent de se sentir submergées. De même, si vous proposez un support avec énormément d’information dessus et que vous le commentez, personne ne pourra suivre l’ensemble de ce que vous proposez.
Proposez donc un contenu clair et concis, et diminuez le nombre d’activités pour ne garder que les plus pertinentes par rapport au contenu à traiter.
Favoriser l’attention
Reprenons notre exemple où vous êtes chez vous, avec toutes ces informations autour de vous qui vous demandent de l’attention. Parvenez-vous à vous concentrer ? Probablement pas. De même, si vous êtes en train de réaliser une tâche qui demande de l’attention, et que vous avez des notifications qui arrivent, votre attention dévie de votre tâche. Notre attention ne peut pas être portée en même temps sur plusieurs choses importantes. Il faut donc faire une sélection.
Proposez donc une seule tâche à la fois. Certes, vous allez proposer moins d’activités, moins de ressources. Mais le gain en termes d’apprentissage va être phénoménal, car l’attention du groupe ne sera dédiée qu’à une seule chose.
Laisser de la place aux échanges
Si l’environnement est plus léger, moins sollicitant, les personnes que vous accompagnez auront plus de facilité à échanger et à proposer des exemples issus de leur propre pratique. Elles auront plus de latitude pour discuter entre elles des contenus. Une formation qui propose trop de sollicitation crée également un climat de tension, où chaque personne est entièrement concentrée sur ne rien perdre de ce que vous proposez, au détriment de moments plus relâchés qui, pourtant, apportent énormément à la formation. C’est ici que se trouve, bien souvent, la richesse et la beauté des groupes : cela favorise l’apprentissage, et permet la création d’un sentiment d’appartenance.
Gardez des temps sans support, sans ressource, sans information supplémentaire que vous apporteriez vous-même, des temps complètement dédiés à l’échange et aux commentaires dans votre planification. Et faites des pauses.
Diminuer les coûts (financiers, mais pas que) de formation
Plus vous proposez de ressources et de contenu, plus cela coûte cher. Si vous êtes en microentreprise, par exemple, le coût est double : il y a un coût de préparation de tout ce contenu, et il y a également un coût potentiel dans les logiciels variés que vous utilisez, le matériel nécessaire, etc. Et cela se répercute, qui plus est, sur le prix de vente de votre formation (si c’est un sujet compliqué pour vous, jetez un oeil ici). Si vous êtes en salariat, voilà du temps occupé qui ne l’est pas à autre chose. Dans tous les cas, le coût est double : en temps, et en argent.
Demandez-vous donc ce qui est absolument nécessaire, et concentrez votre énergie sur la création de ce noyau de contenu indispensable. Cela vous permettra de développer davantage de projets, de mieux réaliser d’autres tâches, et de gagner en paix d’esprit.
Offrir du contenu de meilleure qualité
À la suite du point précédent, il y a un constat important : il n’y a que 24 heures dans une journée. Et plus vous avez de contenu à créer, moins vous pouvez consacrer de temps à chaque contenu. C’est mathématique ! À vouloir créer beaucoup de ressources, réaliser plus de supports, proposer de nouvelles activités, d’autres évaluations, etc., vous finissez par diminuer la qualité de chacune d’elles, faute de temps.
Encore une fois, revenez à ce qui est nécessaire, et investissez votre énergie dessus. Créez du contenu de qualité, complet et complexe : moins de propositions, mais des propositions particulièrement efficaces et pertinentes pour accompagner vos groupes !
Sauver la planète
OK, OK, peut-être que c’est un projet un peu ambitieux. Mais pensons-y une seconde : chaque contenu a un coût écologique. S’il est papier, il faut l’imprimer autant de fois qu’il y a de personnes et de groupe. S’il est numérique, il faut le stocker quelque part. S’il est physique, par exemple un accessoire, il faut le fabriquer et il a une durée de vie finie. Plus vous créez de contenu, plus votre formation a une empreinte écologique forte.
À chaque création de contenu, pensez global : est-il nécessaire, et quel est son coût écologique ? Réduisez ensuite ce coût au maximum, soit en créant le contenu différemment, soit… en ne le créant pas du tout.
Is less always more ?
(est-ce que c’est toujours mieux quand c’est moins ?)
Évidemment, il n’est pas question de retirer du contenu pour retirer du contenu, ni d’offrir du contenu de moindre qualité. On offre des formations pour accompagner la montée en compétence, et pour cela, nous devons offrir du contenu de qualité, qui soit pertinent, engageant, adéquat, et dans la zone proximale de développement des personnes. Mais penser le minimalisme en formation, c’est se poser cette question : qu’est-ce qui est le plus pertinent, et qui se suffit en soi pour apporter l’information nécessaire, susciter l’engagement du groupe, sans pour autant le surcharger et me surcharger de travail ?
Pour revenir à mon exemple du café au début de cet article, probablement que plusieurs café, un décor italien et un cours de barista vous aurait pris trop de temps et vous aurait fait perdre de vue l’essentiel : vous aviez seulement envie d’un café. En éliminant tout le décorum, vous avez pu vous concentrer sur ce qui comptait vraiment : un très bon café, que vous pouviez vous offrir parce que vous aviez éliminé le coût (financier et en temps) d’un cours de barista, et dont vous pouviez vraiment apprécier les arômes parce que vous n’aviez pas les papilles saturées par la dégustation et la comparaison de plusieurs tasses.
On met donc l’accent sur l’essentiel. Le plus beau, c’est qu’on améliore, ce faisant, la qualité de nos formations et leur efficacité. Partagez vos pratiques de minimalisme en formation : cela inspirera d’autres personnes !