Qui apprend vraiment en formation ?
J’ai lu une citation ce matin, dont je ne suis pas certaine de la source :
“Mon meilleur conseil carrière : dans chaque emploi, vous devriez soit apprendre, soit gagner de l’argent. L’un ou l’autre est bien. Les deux, c’est mieux. Mais si c’est aucun des deux, démissionnez.”
Ce qui m’a fait réfléchir à ce métier de la formation et à ce qu’il implique pour les personnes qui l’exercent, qu’elles en vivent ou non. Sur la question de l’argent, j’ai vite fait le tour : ce métier, exercé dans des centres de formation, ne fera probablement pas de vous une personne très riche, disons-le. Toutefois, certaines personnes tirent bien leur épingle du jeu en donnant des formations de façon indépendante (autoentreprise, par exemple). La variation énorme des gains potentiels m’a donné à penser qu’on ne pouvait pas vraiment en faire une règle.
Pour l’apprentissage, en revanche, la règle me semble possible à établir. Longtemps, écolière puis étudiante, j’ai pensé que dans une situation d’enseignement ou de formation, j’étais celle qui apprenait. La personne en face de moi, et bien… elle transmettait. Elle détenait un savoir qu’elle tentait tant bien que mal de faire passer de sa tête à la mienne.
Et puis un jour, je suis devenue formatrice. Et je me suis rendue compte que je m’étais trompée sur toute la ligne.
On apprend que sans amour et sans bienveillance, la formation est moins efficace, même si la bienveillance rime parfois (toujours ?) avec une exigence absolue.
On apprend à évaluer une production en la séparant de la personne qui l’a produite, à donner des rétroactions formatrices, pour accompagner au mieux la personne vers ses objectifs.
On apprend la diplomatie, la gestion de conflits, la si belle profondeur des relations humaines, même quand elles se tendent.
On apprend, et on monte nous-même en compétence. On devient une meilleur version de notre nous professionnel. On peut apporter encore plus aux personnes que l’on accompagne. On évolue. On grandit.
À ce moment de ma réflexion, j’ai eu une pensée pour ces personnes au mode de fonctionnement un peu traditionnel, comme ces enseignants et enseignantes que vous avez sûrement côtoyés aussi, qui lisaient leur cours en avant de la salle sans vraiment d’interaction et sans activité. Je m’en souviens, comme apprenante, comme de longs et douloureux moments dont je ne retirais que des informations de surface que j’essayais tant bien que mal d’ingurgiter (et que, pour la plupart, j’ai oubliées depuis). Mais je me demande ce que ces personnes en retiraient, ce qu’elles apprennaient, si elles se sentaient s’enrichir en donnant des formations. Probablement qu’il y avait un apprentissage, mais lequel ? Définitivement, c’est une question que j’aimerais leur poser, loin du jugement et dans une vraie optique d’élargir mon propre horizon, celle du pourquoi, de la question de l’apprentissage et/ou du gain financier, et je suis convaincue que la discussion qui s’en suivrait serait passionnante.